
Le 11 février 2005, la France adoptait une loi historique en faveur de l’égalité des droits et des chances des personnes handicapées. Deux décennies plus tard, alors que la surdité connaît une augmentation mondiale préoccupante, il est essentiel d’évaluer les avancées permises par cette loi tout en tenant compte des défis actuels et futurs.
La loi du 11 février 2005 a marqué un tournant majeur en reconnaissant le droit à l’accessibilité universelle. Elle a imposé des obligations aux établissements recevant du public, favorisé l’inclusion scolaire des enfants en situation de handicap et amélioré l’accès à l’emploi.
Pour les personnes sourdes ou malentendantes, cela s’est traduit par le développement de l’interprétariat en langue des signes française (LSF), de la Visio interprétation, de la transcription écrite simultanée et de l’adaptation des moyens de communication dans les lieux recevant du public.
Une augmentation alarmante de la surdité
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 1,5 milliard de personnes dans le monde vivent aujourd’hui avec une perte auditive, et ce chiffre pourrait atteindre 2,5 milliards d’ici 2050. L’exposition accrue au bruit, le vieillissement de la population et l’usage intensif des écouteurs à volume élevé contribuent à cette hausse. En France, environ 10 millions de personnes sont concernées par des troubles de l’audition, avec une prévalence croissante chez les jeunes.
Des avancées, mais des défis persistants
Si la loi de 2005 a permis des avancées notables dans l’accessibilité des services publics et l’intégration scolaire, des lacunes subsistent. Les inégalités territoriales amplifient les problématiques d’accessibilité. Le manque de moyens humains devient un réel frein à un inclusion réussie. L’accès à l’emploi reste difficile pour de nombreuses personnes sourdes, l’accès aux soins est loin d’être exemplaire, et les dispositifs d’accessibilité ne sont pas toujours appliqués de manière uniforme. De plus, le manque de professionnels formés en LSF et de solutions technologiques adaptées constitue un frein majeur à l’autonomie des personnes sourdes ou malentendantes.
Notons toutefois que depuis la réforme du « 100% santé audiologie » applicable depuis le 1er janvier 2020, l’audioprothésiste doit obligatoirement établir et présenter un devis normalisé comportant une offre 100% santé à l’assuré. L’audioprothésiste doit systématiquement proposer au moins une aide auditive de classe I pour chaque oreille devant être appareillée.
Perspectives d’avenir : vers une accessibilité numérique accrue
Face à l’augmentation de la surdité, l’innovation technologique offre des perspectives prometteuses. Les sous-titres en temps réel, les applications de reconnaissance vocale, la technologie Bluetooth et les prothèses auditives connectées améliorent la communication et l’inclusion. Toutefois, ces avancées nécessitent un soutien accru des pouvoirs publics pour garantir leur accessibilité financière et leur diffusion à grande échelle.
Au niveau culturel, d’énormes progrès ont été faits pour rendre accessibles les lieux d’exposition ou les évènements culturels aux personnes qui n’entendent pas ou qui entendent peu, l’interprétation en LSF et le « Chansigne » permettent un accueil de meilleur qualité pour les publics sourds pratiquant la LSF lors de concerts, ainsi que les gilets vibrants qui leur permettent de ressentir la musique.
L’arrivée d’internet et du numérique a profondément transformé la vie des personnes sourdes, en leur offrant de nouvelles opportunités d’accès à l’information, de communication et d’inclusion sociale.
Vingt ans après la loi de 2005, si des progrès notables ont été réalisés, la prise en compte de l’augmentation mondiale de la surdité impose une adaptation continue des politiques publiques. Il est crucial d’intensifier les efforts en matière d’éducation, d’emploi et de technologies pour garantir une société véritablement inclusive pour les personnes sourdes et malentendantes.